• Observations sur le plan séquence (1967)

     



    "Kennedy, en mourrant, s'est exprimé avec son ultime action : celle de s'écrouler et de mourir, sur le siège d'une voiture présidentielle noire, dans les bras frêles d'une petite bourgeoise américaine. Mais cet ultime langage de l'action par lequel Kennedy s'est exprimé devant les différents spectateurs, reste dans le présent - où il est perçu par les sens et filmé, ce qui revient au même - suspendu et non relativisé. Comme chaque moment du langage de l'action, il est une recherche. Recherche de quoi ? D'un lieu par rapport à lui-même et au monde objectif. Et donc une recherche de relation, avec tous les autres langages de l'action par lesquels les autres s'expriment en même temps que lui. Dans ce cas, les derniers syntagmes vivants de Kennedy recherchaient une relation avec les syntagmes vivants de ceux qui à ce moment là s'exprimaient, en vivant, autour de lui. Par exemple, ceux de son meurtrier ou de ses meurtriers - qui tirait ou qui tiraient. Tant que les syntagmes vivants ne seront pas mis en relation entre eux, le langage de la dernière action de Kennedy aussi bien que le langage de l'action des assassins seront des langages tronqués et incomplets, pratiquement incompréhensibles." Pier Paolo Pasolini, "Observations sur le plan-séquence", dans "L'Expérience Hérétique" (1967)

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