•  



    "Kennedy, en mourrant, s'est exprimé avec son ultime action : celle de s'écrouler et de mourir, sur le siège d'une voiture présidentielle noire, dans les bras frêles d'une petite bourgeoise américaine. Mais cet ultime langage de l'action par lequel Kennedy s'est exprimé devant les différents spectateurs, reste dans le présent - où il est perçu par les sens et filmé, ce qui revient au même - suspendu et non relativisé. Comme chaque moment du langage de l'action, il est une recherche. Recherche de quoi ? D'un lieu par rapport à lui-même et au monde objectif. Et donc une recherche de relation, avec tous les autres langages de l'action par lesquels les autres s'expriment en même temps que lui. Dans ce cas, les derniers syntagmes vivants de Kennedy recherchaient une relation avec les syntagmes vivants de ceux qui à ce moment là s'exprimaient, en vivant, autour de lui. Par exemple, ceux de son meurtrier ou de ses meurtriers - qui tirait ou qui tiraient. Tant que les syntagmes vivants ne seront pas mis en relation entre eux, le langage de la dernière action de Kennedy aussi bien que le langage de l'action des assassins seront des langages tronqués et incomplets, pratiquement incompréhensibles." Pier Paolo Pasolini, "Observations sur le plan-séquence", dans "L'Expérience Hérétique" (1967)

    votre commentaire



  • Jean-Luc Godard (né en Suisse en 1930), interviewé par Stéphane Zagdanski (durée : 4mn). Conversation avec l'homme aux 105 films, autour de la littérature, les critiques de cinéma, les films de Guy Debord, John Ford... Cinéaste, critique, poète, Godard est considéré comme le chef de file de La Nouvelle Vague, et a réalisé A bout de souffle (59), Le Mépris (63), Pierrot le fou (65). Dans les années 60, il entame une réflexion sur l'engagement politique et se fond dans le groupe Dziga-Vertov. Dans les anneés 70, il réalise avec Anne-Marie Miéville des oeuvres qui portent un regard social sur le monde. Depuis les années 80, il parsème sa réflexion de questionnements sur le procesus créatif. Ecrivain et intellectuel, Stéphane Zagdanski (né en 1963) s'est attaqué au cinéma avec 'La mort dans l'oeil', une critique du cinéma comme "vision, domination, falsification, éradiction, fascination, manipulation, dévastation, usurpation".

    votre commentaire




  • Entretien avec les cinéastes belges Jean-Pierre (né en 51) et Luc Dardenne (né en 54) réalisé en 2002 à l'occasion de la sortie du film "Le Fils". Le processus de création d'un film raconté par les deux réalisateurs : l'écriture, les acteurs, le tournage, le montage... (Divisé en 5 parties. Durée : 30mn). « Pour faire un film, ce n'est pas une idée qu'il faut. C'est trouver un personnage, une situation, des accessoires. Quand on trouve pour Igor dans La Promesse le Tipp-ex, la mobylette, le go-kart, la cache à argent, les madriers à porter dans Le Fils, Rosetta et ses vers de terre, sa pêche, la caravane, la bouteille de Martini, c'est là qu'on commence à sentir qu'on entre dans le film. Les idées, par exemple Lévinas, Lévinas surtout, c'est pour me mettre dans une disposition d'esprit, pour sentir le personnage. J'ai lu Vie et destin de Grossman, pour Rosetta cela nous a orientés beaucoup, ou Le Rachat de Gorenstein, pour voir Rosetta, dans ce livre, il y a une fille, Siska je crois qu'elle s'appelle, ça aide pour définir un climat, une rugosité, un froid, parce que cela se passe en hiver, Vie et destin aussi, c'est la bataille de Stalingrad, et donc, ça aide à être dans un univers, à faire une clôture, dans laquelle on va imaginer un personnage, un univers fermé. Mais attention aux idées, il ne s'agit pas d'incarner une idée, un film, ce n'est pas ça, il faut partir de la matière. » Filmographie sélective : La Promesse (96), Rosetta (99), Le Fils (2002), L'Enfant (2005).
















    votre commentaire



  • "MEETIN W.A." : Jean-Luc Godard rencontre Woody Allen, le réalisateur et acteur de "Manhattan", "Annie Hall", "Hannah et ses soeurs" en 1986. Entretien réalisé en vidéo (Durée : 26mn). L'influence néfaste de la télé sur le cinéma ("la télévision est un appareil, pas un art"), la difficulté de trouver un acteur américain qui soit un homme ordinaire, Stalinavski, Hitchcock, la puissance du cinéma, le moment où l'idée germe, le montage, un film est toujours un combat...

    votre commentaire



  • Entretien avec Marguerite Duras, romancière, auteur de théâtre, cinéaste (1914-1996) dans "Rencontres du septième art, Clip Radio Canada" (durée : 4mn). Elle aborda le cinéma par le biais du scénario. "Le cinéma n'est qu'un leurre : seule demeure la chose écrite. L'écrit est enlevé à la mort. La mort est mutilée à chaque poème écrit, lu, à chaque livre. Le film est un phénomène secondaire." Avec "India Song" (1974) elle radicalise un parti pris esthétique en systématisant l'usage des voix off. Les personnages représentés à l'image ne parlent jamais, même lorsqu'ils sont censés le faire. Son thème de prédilection : l'impossibilité de rapports humains "transparents". Une des oeuvres les plus fortes du cinéma "moderne". Filmographie sélective : Détruire dit-elle (69), Nathalie Granger (72), India Song (74), Le Camion (77) Agatha ou les lectures illimitées (81). 

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires